« J’ÉCRIT L’ILIADE » DE PIERRE MICHON

Le 6 février 2025 chez Gallimard

4e de couverture :

J’ai essayé d’entrevoir Homère dans ses antiques temps et lieux, mais aussi ici et maintenant. Le Chanteur inlassable hésite entre son époque et la nôtre, sans regret ni nostalgie, ni illusions. Avec étonnement peut-être. Il est aveugle, n’est-ce pas. Nous voit-il?

J’écris l’Iliade : tel est donc le titre du livre « autour d’Homère » récemment annoncé. J’avais brièvement parlé ici du Rêve d’Homère, l’un des 14 récits qui le constituent : un narrateur insaisissable s’y glisse dans le corps du vieil Homère endormi rêvant que sa créature (Hélène) vient lui payer sa dette.
Ainsi c’est elle (entre autres peut-on supposer), qui donnant sa version remet en somme L’Iliade en chantier.

EXTRAIT (texte complet publié dans Aventures n°1)

Il sent une présence. Il se réveille, ou il rêve qu’il se réveille :  il voit la toile de tente, la touffe d’un pin, la lune, et cela ne l’étonne pas, car le rêve rend la vue aux aveugles. Quelqu’un d’autre est vivant dans cet espace, voilà ce qui l’a éveillé. Ce n’est pas le petit sur sa paillasse – Homère entend sa respiration ample de dormeur.
Vers l’entrée imprécise derrière lui une étoffe frémit.
Des objets de métal tintent.
Puis il sent l’odeur de la femme. C’est peut-être cette captive bien tournée que lui envoient parfois les Îliens ? non, le parfum est trop riche. Et la nuit est trop avancée.
-Qui es-tu ? dit l’aveugle.
-Tu le sais bien, dit la voix un peu rauque et frémissante qu’il connaît ; hautaine aussi. La reine de Lacédémone. La catin de Troie.
Il sait qu’il l’a inventée. Il ne répond rien.
Il ne bouge pas ni ne se retourne. Il regarde la houppe du pin. Il a peur de ne pas la voir, si le songe s’arrête.

RENCONTRES DE CHAMINADOUR : table ronde en présence de Pierre Michon https://www.youtube.com/watch?v=nMj8jGZSsa0

About Annie Mavrakis

Agrégée de lettres et docteur en esthétique, Annie Mavrakis a publié de nombreux articles ainsi que deux livres : L'atelier Michon (PUV, février 2019) et La Figure du monde. Pour une histoire commune de la littérature et de la peinture (2008).

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